dimanche 28 février 2016

FUKUSHIMA suite, enfin non fuites...

Un nouveau produit dérivé de la fusion des cœurs a été découvert au loin de la centrale de Fukushima Daiichi
 source : Fukushima blog





Article original publié le 4 février 2016 sous le titre: « New Meltdown Byproduct Found Far From Fukushima Daiichi » sur le site SimplyInfo avec l’autorisation de l’auteur
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Traduction : Evelyne Genoulaz
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Illustration ci-contre : Photo des substances de sable noir trouvées à Namie, documents de recherche de Marco Kaltofen (crédit photo Marco Kaltofen)
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Des chercheurs ont trouvé une substance d’un nouveau type, en relation étroite avec les fusions des cœurs à la centrale de Fukushima Daiichi. Au cours des dernières années, nous avons régulièrement communiqué sur une « substance noire » qu’on retrouvait sur l’île principale du Japon. Il s’agit d’un sable noir extrêmement radioactif, une matière qui s’est concentrée dans les caniveaux ou sur les routes, et qu’on a pu retrouver jusqu’à Tokyo. Des analyses ont établi une relation entre cette substance et les fusions des cœurs à l’intérieur des réacteurs de la centrale de Fukushima Daiichi. La nouvelle découverte en question est également en étroite relation avec les réacteurs dévastés.
Des chercheurs au Japon ont en effet découvert de nouvelles substances qu’ils décrivent comme de minuscules particules de verre sphériques extrêmement radioactives. Ces particules de verre présentent une structure assez différente de celle de la « substance noire » mais comme elle, elles sont liées aux fusions dans les réacteurs. Une de ces particules de verre, étiquetée NWC-1, avait été recueillie à Nihonmatsu en 2011 au moment de la catastrophe. Nihonmatsu se trouve à environ 40/45 km plein ouest par rapport à la centrale de Fukushima Daiichi. Le site de cette ville est au sud de la ville de Fukushima et au nord de Koriyama. Son territoire est bien au-delà de la zone d’évacuation et actuellement habité sans restriction d’aucune sorte.

Du Césium présentant de hauts niveaux de radioactivité se trouve inclus dans ces particules de verre. Les chercheurs ont établi que le débit de dose le plus élevé se trouve au cœur de la particule, ce qui indique que le Césium fut incorporé pendant la phase de fusion des cœurs. On observe également une inclusion de matières, ou du béton provenant de l’enceinte de confinement, ou encore de l’eau de mer qui fut injectée. Ces observations permettent de conclure que cette substance s’est formée ou bien après que le combustible fondu eut transpercé l’enceinte du réacteur et entamé sa progression dans le plancher en béton de l’enceinte de confinement, ou alors après l’injection l’eau de mer. Ces injections sont en effet intervenues tardivement dans la phase de fusion, de plus on a découvert dernièrement que toute cette eau ou la majeure partie fut déversée dans une mauvaise direction et non pas sur les enceintes des réacteurs. Ces billes de verre se seraient formées entre le moment de la détérioration de l’enceinte d’un premier réacteur et le début de l’injection d’eau ou peu après. Cette découverte pourra aider à identifier lequel des réacteurs a produit ces sphères et comment.


 Photo de la sphère de verre de Nihonmatsu, de « Yamaguchi et al. study ». Traduction de légende : Image de la microparticule contenant du Césium, déposée sur un textile non tissé, re-cueillie à Nihonmatsu, [Préfecture de] Fukushima, en 2011 (NWC -1). Image prise avec Hitachi S-4500 SEM à 2.0 kV



Section transversale de la sphère de verre de Nihonmatsu NWC-1, crédit photo Yamagu-chi et al.


Il est inattendu d’avoir trouvé une particule à Nihonmatsu. Une seconde bille de verre a été découverte à Fukushima sur une feuille de cèdre, mais l’endroit précis n’est pas mentionné. Nihonmatsu est au plein ouest de la centrale et non pas dans la zone documentée comme survolée par le nuage radioactif, qui s’est dirigé au nord-ouest et au sud du site sinistré. Cela indiquerait que des substances provenant des réacteurs eux-mêmes furent projetées bien plus loin qu’on ne l’avait d’abord supposé. Ces particules de verre sont suffisamment petites pour être susceptibles d’être inhalées. A ce jour les chercheurs ignorent encore sur quelle distance ces matières se sont dispersées. Mais c’est la démonstration que des substances provenant de l’intérieur des réacteurs se sont bien échappées des bâtiments et ont été dispersées sur une longue distance. Etant donné leur haut niveau de radioactivité interne, elles pourraient représenter un risque sanitaire significatif.




Des matières radioactives se sont répandues sur des zones étendues, non seulement dans les régions présentant de hauts débits de dose situées au nord-ouest de la centrale de Fukushima.
Nous publions deux tableaux comparatifs, succincts, des substances dérivées des deux réacteurs dévastés :
https://docs.google.com/spreadsheets/d/1RAbsClYl3KIZkHeI1don3Zfe_AYBKF_vW3C7tWlIpXw/edit#gid=0
Merci de se reporter aux études pour une information plus détaillée.

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Pour en savoir plus :

Etudes scientifiques sur les particules sphériques vitrifiées :
- Emission of spherical cesium-bearing particles from an early stage of the Fukushima nuclear accident (Kouji Adachi et alii, publié en ligne le 30 août 2013 sur le site Nature.com)
- Internal structure of cesium-bearing radioactive microparticles released from Fukushima nuclear power plant (Noriko Yamaguchi et alii, publié en ligne le 3 février 2016 sur le site Nature.com)

Etude scientifique sur la poussière noire :
- Radiological analysis of Namie street dust (Marco Kaltofen, publié le 31 mai 2013)


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