dimanche 22 avril 2012

La CITI, la verrue du capitalisme


La City… Cet Etat dans l’Etat, où l’argent a toujours prospéré, a donné au Royaume-Uni les moyens de financer son expansion coloniale, ses guerres contre Napoléon, sa révolution industrielle. 

En retour, ce statut de grand argentier du royaume a permis à la place financière d’asseoir son pouvoir et de s’imposer comme l'un des piliers majeurs de l’establishment britannique. 

Aujourd’hui, le vénérable Square Mile n’a rien perdu de son influence. Le lord-maire de la City siège de droit au Parlement britannique et se charge de rappeler à ses interlocuteurs où réside le vrai pouvoir. La place londonienne est devenue le premier centre financier de la planète. Plus de la moitié des fonds internationaux y transitent et près de 80 % des actifs des hedge funds européens y sont brassés. 

Ce leadership, la City le tient de son savoir-faire… et de sa réputation. Les détenteurs de capitaux savent qu’ici ils trouveront les meilleures garanties pour optimiser la gestion de leurs dépôts. 

Avec la bénédiction de Westminster, la place financière a essaimé ses ramifications à travers le monde en créant des satellites offshore qui pratiquent souverainement le secret bancaire et la soustraction d’impôts.

Un film de

Mathieu Verboud




Flux opaques

Gibraltar, les îles Vierges, les îles Caïmans, les Bermudes, les îles Anglo-Normandes… près de la moitié des paradis fiscaux du monde battent pavillon britannique.

A Londres, un bataillon de banquiers, fiscalistes, juristes s’affairent pour construire des montages via ces territoires plus avantageux fiscalement et moins contraignants juridiquement. Le système fait basculer en toute légalité le profit, du pays où il a été créé vers ces juridictions où il échappe à l’impôt. Par nature opaques, les flux qui transitent par les paradis fiscaux suivent des circuits extraordinairement complexes qui, au terme d’une valse de transferts bancaires, sauront déjouer toute traçabilité.

Des volumes financiers considérables disparaissent ainsi des radars, principalement au profit des banques, des entreprises et des élites les plus puissantes. On évoque le chiffre de 20 000 milliards de dollars !

Mais les délinquants en col blanc ne sont pas les uniques bénéficiaires du phénomène offshore. Dans ce système aux rouages bien huilés - qui concentre tout de même la moitié du stock mondial d’argent -, les milieux mafieux du monde entier sont aussi conviés au banquet.

Avec la "cécité complaisante" de la place financière, ils recyclent indifféremment l’argent du crime et de la drogue, du terrorisme international et de la corruption…

Autant de flux clandestins dont il sera, là encore, difficile de découvrir l’existence… Sauf accident. John Christensen, directeur du Tax Justice Network (réseau pour la justice fiscale basé à Londres), résume à sa manière la situation : "Si vous voulez cacher une aiguille, vous la mettez dans une botte de foin… Pour les circuits de blanchiment qui veulent recycler l’argent sale, la City est la botte de foin idéale."

Au bout du cycle, l’argent réapparaîtra au grand jour, puis sera réinjecté dans l’économie légale, via les patrimoines fonciers, immobiliers et financiers. Lavé de tout soupçon.


Jean-François Parouty

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